La crise de la fonction publique n’est pas seulement celle de ses effectifs pléthoriques. Plusieurs postes stratégiques fonctionnent avec des intérimaires se contentant souvent de la gestion des affaires courantes. Autant d’obstacles au fonctionnement normal de l’institution au niveau central et des services extérieurs. Les Finances sont un cas emblématique. Depuis le départ de Khalid Safir, alors secrétaire général, nommé wali de Casablanca en octobre 2013, ce poste est resté vacant. Les deux ministres des Finances (Boussaid du RNI et Al Azami du PJD) ne sont pas arrivés à nommer un remplaçant.
Toujours aux Finances, une autre direction importante est sans pilote. Il s’agit des Domaines de l’Etat, une institution centrale dans l’octroi du foncier pour les investissements publics et privés. Omar Faraj, qui avait dirigé cette entité avec brio depuis 2010, a été promu à la tête de la Direction générale des impôts en février 2015. Depuis, le ministère n’a pas nommé de successeur.
L’Inspection générale des finances (IGF) est également sans patron depuis le départ à la retraite de Benyoussef Sabony fin 2014. Cet organe de contrôle, qui faisait trembler les dirigeants des établissements publics et de l’Administration, est retombé dans les oubliettes. L’IGF est chargée du contrôle de la gestion de l’administration, des établissements publics et des personnes morales qui bénéficient directement ou indirectement du soutien financier de l’Etat. Les rapports de l’IGF sont remis au ministre des Finances qui décide des suites à donner aux recommandations. Il peut les transférer à la justice comme les ranger dans les tiroirs. C’est cette dernière voie qui est le plus souvent empruntée. Le dernier grand contrôle porte sur le projet immobilier Madinat Badis à El Hoceïma, réalisé par la CGI. A part cette exception, tout le monde aura constaté la baisse de régime de cette instance. L’ombre de la Cour des comptes a occulté le travail de l’IGF.
Une autre direction est désormais sans chef depuis la nomination en février dernier de Mohamed Chafiki en tant qu’ambassadeur du Maroc au Mexique. Il s’agit de la Direction des études et des prévisions financières, composante importante dans la production de statistiques économiques même si elle a perdu beaucoup de terrains depuis la montée en puissance du HCP.
Dernière direction orpheline, les Affaires administratives et générales. Depuis le départ de Hamid Châaybi, atteint par la limite d’âge en juin dernier, c’est Mohamed El Kharmoudi qui assure l’intérim. Pourtant, le poste est une pièce maîtresse dans l’organisation du département. Le patron de l’Administration des douanes et des impôts indirects, Zouhair Chorfi, a failli connaître le même sort en mai sans l’intervention du ministre de tutelle auprès du chef du gouvernement pour lui accorder une prolongation de deux ans.
Pépinière
Le ministère des Finances est une pépinière de grands commis de l’Etat. Un constat confirmé par les dernières nominations notamment Mohamed Chafiki en tant qu’ambassadeur et Samir Tazi, en tant que wali chargé de la Direction générale des collectivités locales au ministère de l’Intérieur. Ce cas montre que la volonté politique peut accélérer le remplacement des sortants. Pour la DEPP pilotée par Samir Tazi, la vacance de poste du directeur n’aura duré que quelques mois. C’est Abderrahmane Semmar, directeur adjoint, qui a été promu à la tête de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation du ministère des Finances.