En 2020 encore, des millions d’africains n’ont accès à l’électricité que quelques heures par jour. Selon la Banque africaine de développement, le taux d’accès à l’électricité sur le continent se limite à 40%, soit le plus faible au monde. Sur les 130 à 170 milliards de dollars d’investissements nécessaires chaque année pour développer les infrastructures, l’Afrique ne parvient à mobiliser, dans le meilleur des cas, que la moitié de ses besoins.

Malgré les progrès réalisés, les experts relèvent encore de nombreuses insuffisances qui rebutent les investisseurs. Le contexte politico-administratif dans plusieurs pays n’est pas toujours un gage de sécurité. Par ailleurs, le portefeuille de projets bancables est très limité.
«Le problème se situe au niveau de l’amont et il n’a pas été suffisamment traité au cours des dernières années. L’engagement dans la phase de développement est insuffisant», analyse Gilles Vaes, directeur général de InfraCo Africa. L’investissement dans la phase développement représente entre 5 à 10% du coût d’un projet.
«Drainer plus de ressources vers cette étape cruciale changerait beaucoup de choses pour le continent», estime t-il. Un certain nombre de structures dont InfraCo Africa se mobilisent pour structurer l’amont afin de favoriser l’émergence d’un plus grand nombre de projets bancables.
Membre du groupe multilatéral PIDG (3,6 milliards de dollars engagés dans des projets d’infrastructures et 33,2 milliards de dollars mobilisés auprès des investisseurs privés et des institutions financières de développement depuis 2002) et financé par les gouvernements du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Suisse, InfraCo Africa peut investir jusqu’à 40 millions de dollars par an dans le développement de projets dans les secteurs d’infrastructures en général et dans les secteurs énergie, eau, transport, mobilité électrique, logistique et logement social. «Notre rôle est de dérisquer ces projets et de leur permettre de se déployer», note Nabil Saimi, directeur du développement à InfraCo Africa.
Plateforme
Opérationnel depuis 2004, la structure a accompagné treize projets jusqu’à leur clôture financière, dont plusieurs sont en phase de construction et/ou d’exploitation et est impliqué dans treize autres en cours de développement. Après Nairobi, elle a érigé un bureau régional à Casablanca Finance City pour piloter ses activités dans la région Afrique de l’Ouest et Centrale. «Nous sommes convaincus que c’est la plateforme idoine pour développer nos activités dans cette région», indique Gilles Vaes. S’il n’exclut pas des opérations dans des pays matures comme le Maroc, le mandat principal d’InfraCo Africa est de contribuer à réduire le déficit en infrastructures dans les pays où le manque est significatif. Il a déjà investi dans des projets au Cameroun, Gambie, Guinée, Libéria, Sénégal, Sierra Léone et au Tchad en Afrique centrale et occidentale. Ce sont aussi des territoires où le besoin d’expertise de développement, de structuration et de financement est colossal. «Nous avons la capacité d’accompagner les développeurs jusqu’à concurrence de 50% des capitaux nécessaires», relève Nabil Saimi.
F.Fa