
La recherche, c’est toute sa vie. Belkheir Hammouti, chimiste/électro-chimiste, enseignant-chercheur à la faculté des sciences d’Oujda, passe le plus clair de son temps dans son laboratoire ou devant son ordinateur. Ce natif de l’Oriental, et plus précisément d’Angad, «made in Morocco» comme il se plaît à se définir, fait partie des chercheurs les plus prolixes au Maroc, et les plus impactants au monde.
Il a récemment été classé parmi le top 2% mondial de chercheurs en sciences, selon Stanford University. «J’ai dédié ma vie à la recherche et au service de mes étudiants», livre Hammouti qui a encadré une centaine de doctorats.
A ce jour, le chimiste compte plus de 700 publications scientifiques, dont 672 indexées. Une prouesse, surtout avec des moyens souvent modestes. Depuis qu’il a rejoint la faculté des sciences d’Oujda en 1991, après une thèse de 3e cycle à l’ENS de Rabat, il ne s’est plus arrêté.
En 2006, au top de sa productivité, il a reçu le prix Elsevier-Scopus de l’auteur marocain le plus publiant entre 2000 et 2005. D’autres distinctions suivront, comme le prix arabe de la chimie en 2013, décerné par l’Union des chimistes arabes, et une décoration royale en 2015.
Belkheir Hammouti a notamment travaillé sur la protection des métaux contre la corrosion en milieu marin ou acide. Le chercheur a, par exemple, mis au point un inhibiteur permettant de préserver l’acier en contact avec de l’acide phosphorique. «La durée de vie des canalisations et des réservoirs contenant l’acide phosphorique peut ainsi être multipliée par 10, voire par 20 ou 30, en fonction de leur utilisation», revendique le chimiste, qui possède 10 brevets d’invention. Toutefois, aucun brevet n’est encore rentable.
«Il n’y a malheureusement pas d’application parce que nous ne possédons pas un vrai tissu industriel», regrette-t-il. Hammouti a en outre conçu, avec ses équipes, des capteurs permettant de mesurer en temps réel l’acidité dans les réservoirs d’acide phosphorique. Un projet inédit, selon l’électro-chimiste.
Aujourd’hui, Belkheir Hammouti se consacre plus à ses revues. Depuis 2006, il s’est promis de créer des revues scientifiques marocaines. Actuellement, il en compte une dizaine, gérées en partenariat avec plusieurs universités publiques. «J’ai eu l’honneur d’avoir la première revue marocaine indexée Scopus: Journal of materials and environmental science», précise-t-il fièrement.
Reçu en 2009 par l’Académie Hassan II des sciences et techniques, il a été invité à soumettre son CV pour en devenir membre. Depuis, il n’a reçu aucune réponse.
Ahlam NAZIH