A l’instar des doctorants de l’UM6P, ceux de l’Université internationale de Rabat (UIR) sont inscrits gratuitement. Ils reçoivent en prime une bourse alléchante, de 8.000 DH par mois sur trois ans, subventionnée par l’Etat.
«En contrepartie, nous sommes exigeants. La présence, importante pour développer une culture de laboratoire est obligatoire», relève Mounir Ghogho, doyen du collège doctoral de l’UIR et directeur de son laboratoire IT. Les étudiants doivent ainsi être à 100% dédiés à leur projet de thèse.
Avant la publication des sujets de thèses et l’ouverture de l’appel à candidatures pour le doctorat, les enseignants-chercheurs doivent soumettre au collège doctoral des pré-propositions de recherche, de 3 à 4 pages, pour validation.
«L’encadrant doit avoir une idée précise sur ce qu’il veut traiter», souligne Ghogho. Une étape dont les établissements publics se passent souvent, menant à une inflation de sujets sans réel intérêt. Les candidats sont ensuite sélectionnés sur la base de leurs notes, et de leur adéquation avec les projets choisis. Les encadrants ne peuvent pas prendre plus de 5 doctorants chacun, qu’ils chapeautent avec des co-encadrants juniors (profs assistants).
Au bout de 6 mois de travail avec leurs encadrants, les doctorants doivent présenter et défendre leur proposition de recherche (research proposal). «C’est une feuille de route pour toute la thèse. L’erreur serait de ne pas la formuler assez tôt dans le parcours», précise Mounir Ghogho. A travers ce document, le doctorant identifie les «research gaps», ou aspects encore non traités par de précédents travaux, formule les questions de recherche et précise une méthodologie claire. Un cours doctoral est programmé pour l’accompagner dans cette tâche. La proposition de recherche est validée à la fois par le directeur de thèse et le collège doctoral. Une soutenance à mi-parcours, devant des experts, est prévue.
Le collège doctoral de l’UIR compte plus de 60 doctorants. Le taux d’abandon est autour de 6% seulement (contre près de 90% dans les universités publiques). Les doctorants qui décrochent découvrent généralement qu’ils ne sont pas faits pour la recherche, ou sont contraints de quitter, car ne donnant pas satisfaction.
«La courbe d’apprentissage ne descend jamais!»
«Au début, les doctorants sont motivés, ils veulent changer le monde. Au bout de quelques mois, ils réalisent que, ne serait-ce que pour comprendre ce qui a déjà été réalisé dans leur thématique, c’est difficile. Ils commencent donc à perdre leur motivation. Là, c’est la vallée de la mort! Beaucoup peuvent abandonner. Au lieu de se focaliser sur les résultats, mieux vaut observer sa propre évolution, se concentrer sur le processus d’amélioration et d’acquisition de connaissances. Le doctorant apprend tous les jours, la courbe d’apprentissage, en fait, ne descend jamais!»
Ahlam NAZIH