
Le ministère de la Santé vient de suspendre, ce lundi 23 août, le certificat d’enregistrement du test salivaire «Gigalab Covid-19 Ag Gold Salive», à peine trois mois après son obtention.
Dans une circulaire (voir ci-contre), la tutelle a appelé la société à «retirer sans délai le produit du marché, et d’informer les professionnels de la santé de la suspension du certificat d’enregistrement dudit dispositif». Une décision qui tombe comme un couperet.
«C’est du jamais-vu. Nous ne comprenons toujours pas les raisons qui ont motivé cette décision. Gigalab, une société nationale qui emploie une centaine de personnes, a été attaquée afin de servir les intérêts des biologistes et des médecins», s’insurge Karim Zaher, PDG de Gigalab.
«Nos collaborateurs dont des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers vont se retrouver, du jour au lendemain, sans travail», déplore-t-il. Le laboratoire a aussi investi plus de 60 millions de DH et comptait investir davantage. Il a aussi produit quelque 300.000 tests.
«Nous avons des objectifs sur 3 ans avec nos fournisseurs. Aujourd’hui, je crains fort qu’ils ne délocalisent leur technologie vers un autre pays de la région», s’inquiète le patron de Gigalab. Pour lui, le ministère a agi en parti pris, sans dialoguer ni apporter de précisions. «Nous ne pouvons pas nous taire. Nous allons déposer un recours en justice dans les prochains jours», indique Zaher.
Une deuxième circulaire a été publiée par la tutelle le même jour. Cette dernière autorise uniquement les laboratoires de biologie médicale, des secteurs public et privé ainsi que les médecins à effectuer les tests antigéniques ou sérologiques rapides.
Les cliniques et les cabinets médicaux seront autorisés à en effectuer si la situation épidémiologique l’exige ou si l’offre de laboratoire publique et privée est limitée. Le département de Aït Taleb écarte ainsi les pharmaciens. Contacté par L’Economiste, la tutelle n’apporte aucune précision concernant ces deux circulaires.
«Avec cette décision, les citoyens sont privés de 12.000 espaces de santé. C’est un manque de respect envers l’intelligence et la santé des Marocains», regrette Oualid Amri, vice-président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens et président du syndicat des pharmaciens de Casablanca. «Ce n’est pas l’argent qui nous motive. Nous margions à peine 20 à 30 DH sur ces tests. En passant chez les médecins, ils seront facturés à 300 DH», précise-t-il.
Tilila EL GHOUARI